Rétroaction, l’importance du feedback

La synthèse de le Service d’Appui Pédagogique

Avec la part grandissante prise par les démarches d’évaluation formative, qui visent au développement de l’individu et au soutien des apprentissages, le rôle de l’enseignant ainsi que la conception de l’enseignement évoluent. Ainsi, l’apprentissage n’est plus simplement considéré comme une simple transmission de connaissances, mais plutôt comme une construction complexe où l’étudiant est acteur de l’apprentissage, par sa réflexion et les processus qu’il met en place pour atteindre les objectifs d’apprentissage. Par conséquent, le rôle de l’enseignant évolue également, passant du « transmetteur de savoirs » à « accompagnant de l’étudiant » dans la construction des savoirs et compétences. C’est dans ce contexte général qu’intervient la rétroaction, aussi appelée feedback (Ek et Sauvage, 2017).

Dans cet article, nous tenterons de développer les points suivants :

  • Qu’est-ce qu’un feedback?
  • Pourquoi délivrer un feedback?
  • Comment délivrer un feedback de qualité?

Qu’est-ce qu’un feedback ?

Le feedback est le moyen par lequel l’enseignant informe l’étudiant sur son apprentissage et plus particulièrement sur le lien entre l’état du parcours de l’étudiant et les objectifs à atteindre (Ek et Sauvage, 2017).

Le feedback peut être oral ou écrit. C’est une forme de reconnaissance du travail de l’étudiant, qui vient en général en complément de l’évaluation (qu’elle soit formative ou sommative). Il précise les points forts et pistes d’amélioration de la production de l’apprenant (Brassard, 2012).

Pourquoi délivrer un feedback de qualité ?

Cette question nous semble tout à fait légitime, car penser et délivrer un feedback complet est une activité chronophage pour l’enseignant. Brassard (2012) avance les éléments suivants, justifiant ainsi pourquoi il est nécessaire d’apprendre à donner une rétroaction qualitative à l’étudiant :

  • un bon feedback favorise les apprentissages,
  • le feedback a un grand impact sur l’estime personnelle de l’apprenant,
  • le feedback souligne les forces de l’étudiant,
  • bien guidé, chaque étudiant peut atteindre les objectifs d’apprentissage,
  • lorsque les forces et faiblesses sont identifiées avec précision, l’étudiant voit le chemin qu’il lui reste à parcourir et les points sur lesquels il doit concentrer ses capacités d’apprentissage.

De plus, si le feedback fait partie de la démarche d’évaluation, il est également un objet d’apprentissage pour l’étudiant. Au fil de vos rétroactions, vos étudiants apprendront non seulement à recevoir un feedback, mais également à en délivrer, deux compétences distinctes qui seront plus que probablement sollicitées dans leur vie professionnelle future (Prégent, Bernard et Kozanitis, 2009).

Lambert, Rossier et Daele (2009) avancent la notion de feedback centré sur l’apprentissage. Selon ces auteurs, ce type de feedback vise à permettre à l’étudiant de prendre du recul sur une production en vue de l’améliorer, aide l’étudiant à préparer une évaluation finale, ou encore que le feedback lui donne les clés pour progresser de manière autonome.

Comment délivrer un feedback de qualité ?

L’un des premiers critères à prendre en compte pour pouvoir délivrer un feedback efficace est un critère préalable, tel un prérequis. Il s’agit de la qualité de l’évaluation proposée. Il est indispensable que les évaluations soient liées aux activités d’enseignement/apprentissages et aux objectifs d’apprentissages afin qu’elles soient significatives pour l’apprenant. Il faut également permettre à l’étudiant de se préparer correctement : annoncer le type de questions, proposer des lectures préparatoires, ou encore présenter et expliquer la grille d’évaluation critériée (Brassard, 2012).

Pour en savoir davantage sur l’évaluation et les grilles d’évaluation, vous pouvez cliquer sur les liens suivants, qui vous redirigeront vers les articles sur le sujet:

La méthode du sandwich (Brassard, 2012)

La rétroaction délivrée à l’apprenant doit aborder deux aspects de la production fournie par celui-ci : les points forts et les points faibles (préférez les termes « pistes d’amélioration » ou « défis à relever » lorsque vous présentez ceux-ci à l’étudiant).

La méthode du sandwich, permet de mener une rétroaction efficace en faisant ressortir ces différents aspects tout en préservant la motivation et l’estime personnelle de l’étudiant.

Il s’agit alors de commencer par présenter une force du travail de l’étudiant, poursuivre par une piste d’amélioration et enfin de terminer sur une appréciation globale du travail et une note positive.

Dans tous les cas, il est primordial que le feedback donné vise l’objet de l’apprentissage et non la personne. Insister sur les forces du travail et donner des exemples précis permet d’améliorer la perception de sa compétence par l’apprenant, qui est un important levier d’apprentissage. Concernant les pistes d’amélioration, il est également conseillé de donner des suggestions concrètes et réalisables (Brassard, 2012).

Pistes d’action pour délivrer un bon feedback (Lambert, Rossier et Daele, 2009)

Nicol et Macfarlane-Dick (2006) proposent des pistes d’action afin de délivrer un feedback efficace. Ces pistes d’action, synthétisées par Lambert, Rossier et Daele (2009) sont présentées sous ce point.

Définir des critères pour clarifier les exigences attendues

Comme exposé précédemment, les critères d’évaluation doivent être cohérent par rapport aux objectifs poursuivis et aux activités d’apprentissage proposées lors du cours. Ils doivent également être clair et compris par les étudiants.

Pour se faire, l’enseignant peut :

  • Communiquer aux étudiant les critères et prévoir un moment en classe pour clarifier la compréhension de ces derniers,
  • Organiser un exercice qui prendrait la forme d’une évaluation mutuelle des étudiants sur base des critères établis,
  • Prévoir un exercice sur base d’anciens travaux à apparier avec le feedback correspondant.

Utiliser des stratégies pour augmenter la prise en compte du feedback par les étudiants

Donner un feedback n’est pas gage de son utilisation par l’étudiant. Pour l’en inciter, l’enseignant peut:

  • Donner la possibilité de remettre une version du travail corrigée après feedback,
  • Découper le processus de production du travail en différentes étapes jalonnées par des feedback ( par exemple, après la remise du plan et de la bibliographie / après le premier jet / après la version finale ),
  • Préparer une évaluation formative préparatoire, semblable à l’épreuve finale, suivie d’un feedback,
  • Prendre un moment après avoir délivré un feedback pour que l’étudiant identifie des pistes d’amélioration.

Délivrer une information de qualité

Un feedback de qualité délivre des informations sur les obstacles rencontrés pour atteindre les objectifs d’apprentissage et propose des actions concrètes pour se rapprocher de ce qui est attendu. Afin de délivrer une information de qualité, l’enseignant peut:

  • se baser sur des critères prédéfinis (grille critériée),
  • donner le feedback rapidement après la tâche et laisser suffisamment de temps à l’étudiant pour retravailler se production,
  • s’assurer de la lisibilité (éviter l’écriture manuscrite),
  • cibler les points d’amélioration prioritaires,
  • utiliser la « méthode du sandwich »,
  • Cibler les points forts et pistes d’amélioration les plus représentatifs afin de ne pas surcharger le feedback, faire des commentaires concrets et précis et expliciter les pistes d’amélioration avec des propositions de modification réalistes,
  • Ne pas comparer les étudiants entre eux, afin de ne pas démotiver les plus faibles.

Soutenir la motivation par le feedback

Pour que la motivation soit maintenue, le feedback doit donner le sentiment que les objectifs peuvent être atteint. Pour cela, l’enseignant peut:

  • organiser plusieurs activités suivies d’un feedback, et ainsi maintenir un rythme de travail et une intervention régulière sur la motivation,
  • donner la possibilité à l’étudiant de rendre plusieurs jets de sa production, suivis d’un feedback,
  • le feedback doit être précis en indiquant ce qui peut être acquis par la pratique et comment, mais aussi en précisant quelles sont les erreurs normales ou habituelles faisant partie du processus d’apprentissage.

Comprendre le feedback comme un dialogue

Il s’agit de donner à l’étudiant la possibilité d’engager une discussion à propos de la rétroaction fournie, afin qu’il en comprenne bien le sens. Ce point est d’importance, car l’enseignant joue un rôle crucial dans le développement des capacités d’auto-évaluation de ses étudiants. Afin de mettre en place un dialogue autour du feedback, l’enseignant peut:

  • demander aux étudiants de choisir des feedbacks qu’ils ont jugés utiles, et d’en expliquer les raisons,
  • leur demander de se donner un feedback mutuel selon les critères d’évaluation, d’en discuter et de définir ensemble des pistes d’amélioration ,
  • fournir un feedback intermédiaire comme base de discussion,
  • ne pas donner de note lors de rétroaction, permettant ainsi à l’étudiant de rester concentré sur le feedback,
  • demander aux étudiants de s’autoévaluer et discuter d’un éventuel écart de note avec celle donnée par l’enseignant.

Réguler son enseignement à l’aide du feedback

A travers ses feedbacks, l’enseignant récolte des informations précieuses sur son enseignement et sa pratique professionnelle. Ces informations doivent lui permettre d’ajuster sa pratique, et pour cela, l’enseignant peut:

  • identifier les points de matière ayant posé des difficultés à une majorité d’étudiants,
  • après chaque chapitre ou chaque fin de cours, demander aux étudiants de prendre une minute pour répondre à quelques brèves questions telles que « quelles parties de ce cours vous semblent importantes? ». Cet exercice peut etre réalisé à l’oral, ou à l’écrit de manière anonyme,
  • évaluer de manière informelle si le message passe bien en objectivant régulièrement la compréhension des étudiants et en leur posant des questions précises.

Derniers conseils (Ek et Sauvage, 2017)

  • préférez rendre un feedback dactylographié, suivi ou précédé d’un dialogue, car comme le dit l’adage : « les paroles s’envolent, mais les écrits restent »,
  • renvoyez l’étudiant vers des ressources documentaires appuyant vos conseils et remarques,
  • formulez vos conseils et remarques sous forme d’hypothèses au conditionnel plutôt que sous forme d’affirmations (par exemple : « serre davantage le garrot pour ne pas devoir t’y reprendre à plusieurs fois » devrait être formuler de cette manière « si tu serrais davantage le garrot, les veines seraient peut être plus apparentes et tu pourrais arriver à piquer du premier coup » ).

Un exemple de feedback (Prégent, Bernard et Kozanitis, p.181)

Vous trouverez sous ce point un exemple de feedback fondé sur quatre compétences, proposé par Prégent et al. (2009). Si la structure du feedback est efficace, le feedback semble tout de même trop peu détaillé. Il conviendrait d’être plus précis sur forces et les faiblesses exposées, en exposant des indicateurs de maitrise et en proposant des exemples concrets d’amélioration. Néanmoins, nous pouvons imaginer que ce travail plus précis a été réalisé lorsque le feedback a été donné oralement, et que cet exemple sert de base écrite à la rétroaction.

Bibliographie

Pour aller plus loin

Sur le site de support eCampus